Last updated on 21 novembre 2024
Définition et Introduction.
L’Ecoconception, c’est « intégrer l’Environnement dès la phase de conception ».
Dès l’étape du cahier des charges, au moment où les possibilités sont les + grandes, l’éco-conception s’applique aux produits et services de tous secteurs : produits électriques et électroniques, ameublement, produits ménagers, emballages, produits de construction, transports, services touristiques, finance et assurance…
Ce que n’est pas l’Ecoconception:
- .. le « green-washing ». C’est l’arbre qui cache la forêt. L’impact est doublement négatif: 1/ l’investissement soit-disant écologique est un investissement inutile, et 2/ il induit en erreur le consommateur et fausse la concurrence avec des entreprises qui seraient réellement plus vertueuses mais moins visibles.
- .. le « old business first »
- .. l’obsolescence programmée, l’épuisement des ressources, le dumping social, etc.
L’écoconception, ça marche ? Oui, en voici quelques exemples:
- Evea Conseil (accompagnement éconception)
- Framasoft (alternative éthiques à Google)
- GozMail (courriel, hébergement et partage en ligne)
- FairPhone (smartphone éco-conçu)
- Greenspector (code efficient)
- Alis 44 (reconditionnement d’ordinateurs)
- Ecodair (reconditionnement d’ordinateurs)
- Enercoop (électricité renouvelable)
- ekWateur (biogaz)
- la Nef (banque éthique)
- Atelier Tuffery (vêtements en chanvre, fabrication française)
- 1083 (vêtements relocalisés, biosourcés)
- Le Slip Français (vêtements relocalisés)
- réseau Envie (reconditionnement électroménager)
- Equium (froid thermoacoustique)
- SolarBrother (cuiseurs solaires)
- MittiCool (réfrégirateur et autres lowtechs pour la maison)
- Towt, Zéphyr et Borée, Neoline, Grain de Sail (cargos à voile)
- commerce équitable
- les métiers de la réparation et de l’entretien
- les low-techs en général (le LowTech Lab, etc.)
- etc…
Pourquoi ça marche ? Voici quelques raisons:
- Marché. Anticiper et Répondre à la demande croissante de produits et services écoconcus – Développer de nouveaux produits, aller sur de nouveaux marchés
- Marketing. Augmenter ses parts de marché via la qualité des produits et services (ex: par exemple si le produit est économe ou robuste)
- Image. Avoir une image éco-vertueuse auprès des clients, fournisseurs, employés et partenaires
- Profit. Réduire son prix de revient (concevoir au plus juste, éviter les gaspillages, moins de matières premières, d’énergie …) donc augmenter sa marge
- Financements. Lever des fonds pour financer sa R&D – bénéficier des mécanismes de soutien
- Règlementation. Anticiper la réglementation – Imposer de nouveaux standards et règlementations favorables à son produit – voir également le chapitre « Règlementation positive et négative »
- Efficacité. Développer la démarche QVT (Qualité de Vie au Travail) pour la motivation et l’épanouissement des Employés
- etc.
Les 3 Leviers de l’Ecoconception.
Dans la vie, quelle que soit la situation, il y a 3 moyens d’arriver à ses fins. Exemple: vous souhaitez obtenir le calme dans une cours de récréation. Vous pouvez faire appel à trois leviers:
- levier de la règlementation dite négatve: « vous serez privés de sortie si vous continuez », ou de la règlementation dite positive: « vous pourrez sortir plus tôt si vous arrêtez »
- levier de l’image: « vous criez comme des gosses capricieux », ou de la conviction supérieure: « pensez à Untel qui a mal à la tête quand on crie trop fort, le pauvre »
- levier de l’appât du gain: « vous aurez un bonbon en échange »
Règlementation, Image, Gain: ces trois leviers sont universels pour promouvoir une idée, un produit, un service, etc., quoique que ce soit. Chacun de ces leviers peut être utilisé éthiquement ou à des fins de manipulation, et pour le meilleur ou le pire. Pour le meilleur et pour le pire. Utilisés de manière éthique et intelligente, ils sont des outils indispensables au service de l’Ecoconception.
Le levier de la Règlementation.
Il y a 2 grandes familles de Règlementations :
- Règlementation négative (ou coercitive): imposer certaines pratiques, en interdire d’autres, ou exiger une compensation des dégats causés sur le cycle de vie de l’activité. Exemple: obligation de suivre certaines normes, interdiction des décharges sauvages, et principe pollueur-payeur.
- Règlementation positive (ou incitative): récompenser par l’incitation financière (ou autre) à agir vertueusement. Exemple: les tarifs de rachats de l’électricité d’origine renouvelable n’obligent pas à en installer, mais y invitent
La Règlementation permet en particulier d’internaliser les coûts externes. C’est la notion la plus importante de cet article.
Il s’agit d’inclure dans le prix d’un produit, le coût pour la société civile des dégats engendrés par le produit. Ainsi, un produit qui fait l’effort de causer moins de dégats, sera moins pénalisé, et trouvera plus facilement un acheteur. Prenons l’exemple des particules d’échappement d’une voiture. Elles contribuent à l’augmentation des cas de cancers, asthmes, etc. La Sécurité Sociale prend en charge cela, grâce à l’argent public, aux impots payés par chacun en fonction de ses capacités. Mais il y a une double injustice : 1/ la société civile paie solidairement les dégats causés par certains, et 2/ si on installe un filtre à particules, on paie deux fois: via ses impots, et en achetant le filtre, alors même qu’on a justement réduit sa propre responsabilité. En obligeant à installer des filtres, la Règlementation réduit le surcoût sanitaire pour la Société Civile. Et dans le même temps, ouvre des possibilités à qui voudrait développer des alternatives plus propres, ou un service de transport en commun jusque là concurrencé par des voitures à bas coût.
Le schéma ci-dessous illustre le rôle que doit jouer la Règlementation en terme d’équilibrage de la concurrence, en externalisant les coûts externes.
Règlementation particulière – Règlementation globale
- /!\ Compétition entre technologies. La règlementation sur les avions ne doit pas être plus laxiste que celle sur les trains ou les navires
- /!\ Compétition entre filières. L’aide apportée à une filière vertueuse ne doit pas porter préjudice à une autre. Les aides devraient être conditionnées à l’objectif et non au moyen employé (cf. l’exemple de ces dernières années sur la compétition entre les filières renouvelables en France, due à des tarifs de rachats portant sur le moyen plutôt que sur l’objectif. Il aurait fallu indexer les aides au bilan CO2 et environnemental du kWh produit)
- /!\ Compétition au sein d’une même filière. L’aide apportée à une filière (par exemple le solaire PV) doit se répartir en bonne intelligence sur l’ensemble du Cycle de Vie du produit: depuis l’innovation (R&D) jusqu’au recyclage. Les récents tarifs de rachat ont favorisé essentiellement l’installation, créant ainsi une bulle industrielle en Chine et en Inde pour la production, ratant l’objectif d’une filière européenne, et omettant les étapes fondamentales de la recyclabilité (ils auraient pu l’être, mais l’aide n’était pas conditionnée à ce critère. Il a donc manqué d’innovation sur ce point, et la filière traine encore aujourd’hui ce boulet)
- /!\ compétition entre zones géographiques. Les règlementations sociales et environnementales sont moins regardantes dans certains pays d’Asie et d’Europe de l’Est, ce qui contribue à leur avantage industriel. Pour compenser cette concurrence, et éviter la pollution importée, une possibilité est de mettre en place des règlementations douanières imposant les standards nationaux, ou des taxes d’équilibrage (internaliser les coûts externes).
[à suivre prochainement. Si besoin, contacter l’auteur pour le lui rappeler !]
Le levier de l’Image.
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Le levier du Gain.
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