Last updated on 6 avril 2023
Généralement, en ingénierie, l’efficacité augmente avec la taille. Pour plusieurs raisons économiques et techniques. A quel moment cet avantage est-il dépassé par des inconvénients plus grand ? quand est-ce que ça devient trop grand ?
Lorsque la chaine décisionnelle a atteint une telle taille qu’elle n’est plus apte à décider.
- Par exemple, la communauté de commune P. a tellement grandi que la décision municipale méconnait la problématique locale du hameau de la ferme C.. La municipalité centrale ne comprend pas les spécificités très locales d’un territoire, au point que la règle générale est inopportune, et que la décision l’ignore. Elle fait alors un choix de permis de construire inopportun. Double erreur : lors de l’écriture de la règle générale, et lors de son application. Sur le sujet de l’applicaiton, on retrouve le même genre de différence entre la morale de principe et la morale appliquée.
- Le remède ? l’application poussée et confiante du principe de subsidiarité. Ce principe préconise de ne pas confier une décision à un échelon supérieur si elle peut être prise à un échelon inférieur. L’échelon supérieur conserve son rôle de garant de l’intérêt général et de coordination, tout en évitant l’ingérence et l’erreur grossière.
Lorsque le volume des approvisionnements empêche la souplesse nécessaire à un progrès souhaitable et logique.
- par exemple, l’entreprise de restauration E. a en charge plusieurs milliers de couverts. Dans ces conditions, l’approvisionnement local et.ou bio s’avère compliqué : comment assurer quotidiennement des milliers de repas identiques de façon certaine, si ce n’est via une plateforme centralisée ?
Lorsque la taille de l’organisation ajoute des degrés de complexité systémiques, rendant compliqué un progrès simple.
- dans l’exemple précédent, l’introduction de références locales parait simple en apparence : le fournisseur est local, il y a une certaine souplesse venant de la relation humaine de proximité. Pour c’est rendu compliqué par les couches organisationnelles. Le restaurant d’entreprise est réparti en plusieurs endroits du site industriel, desservis par une cuisine centrale, le tout encadré par un accord négocié entre le restaurant et l’entreprise ou son C.E, fixant certaines exigences de prix au repas et d’homogénéité des repas servis entre les sites. Les expérimentations et fournitures locales sont bien sûr possibles, mais limitées significativement.
Lorsque la taille de l’ensemble rend relativement petits des impacts non négligeables, en regard d’autres impacts plus importants. Les impacts sont mis en comparaison entre eux, afin de les prioriser, plutôt que d’être mis en relation avec leurs conséquences.
- par exemple, les diverses pollutions de la zone industrielle S. provoquent vraisemblablement une surconcentration de cancers et maladies diverses dans le quartier ouvrier voisin, étudiée par l’ARS. Cependant, ces impacts locaux sont relativement faibles en relation à d’autres impacts. Les rejets d’une raffinerie sont localement importants, mais faibles relativement à l’ensemble des impacts de la filière pétrole. L’attention portée au problème local, est diluée.
- Le remède ? un impact local doit être mis en relatif avec ses conséquences locales.
Lorsque la taille est telle que la desserte se trouve si éloigné que l’utilisateur ne connait plus l’impact de ce qu’il consomme.
- par exemple, la famille T. n’a jamais vraiment réalisé que son électricité est produite par du gaz de schiste ultra impactant, ou ignore l’impact significatifs de certains champs éoliens mal placés, ou l’étendue de la mine de charbon allemande, ou néglige le casse-tête des déchets nucléaires, etc. Si bien que la famille T. en oublie de faire de raisonnables efforts d’économie d’énergie, et se trouve fort embarrassée lorsque les tarifs augmentent soudainement. C’est également le phénomène du “loin des yeux, loin du coeur”.
- Le remède : qu’est-ce que soit la taille ou la source de son approvisionnement, il convient d’en réduire sa dépendance par des économies d’énergie ou d’utilisation. Cela réduit l’impact éventuellement grand, mais également, cela rend disponible cette ressource pour d’autres.
Lorsque la taille de la structure exige un volume d’approvisionnement si grand que la ressource n’est plus locale. Le bénéfice éventuel de l’efficacité de la taille, est perdu par les impacts du transport, d’une part, voire une surexposition d’une solution qui était pertinente localement mais ne l’est plus à l’échelle supérieure.
- par exemple, l’entreprise H. fabrique et exploite des installations de biomasse énergie, si volumineuses que la ressource est éventuellement importée de la forêt amazonienne, ou ne serait-ce qu’à plus de quelques dizaines de kilomètres.
- Le remède : une solution doit être dimensionnée selon une ressource locale et un besoin local. Au-delà de ces 2 critères, de sérieuses études comparatives doivent être menées, qui ne doivent pas omettre les impacts locaux chez le producteur, chez le fournisseur de ressources, chez le consommateur, et chez la logistique intermédiaire.
Les exemples sont nombreux et variés, où la limite du gigantisme est franchie, perdant le bénéfice acquis par concentration ou optimisation de rendement.
Il vaut mieux 1000 petits impacs de 12, que 10 impacts de 1000.
Plus clairement, il est préférable de boire 20 semaines d’affilée une bouteille de bière par semaine, plutôt que de boire une fois 10 bouteilles de bière. Et pourtant, 20 est plus grand que 10. La nature supporte les excès, à conditions qu’ils soient : répartis dans le temps, répartis dans l’espace, et dans une certaine mesure de quantité. Au-delà, c’est le gigantisme ?
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